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Quand les identités régionales s’affirment et l’État-nation s’efface… : l’évolution de l’enseignement de l’histoire dans le contexte de la fédéralisation de la Belgique (1989-2022) [r-libre/2756]

Jadoulle, Jean-Louis; Van Nieuwenhuyse, Karel et De Paepe, Tom (sept. 2022). Quand les identités régionales s’affirment et l’État-nation s’efface… : l’évolution de l’enseignement de l’histoire dans le contexte de la fédéralisation de la Belgique (1989-2022). Communication présentée au Colloque de l'Association internationale de didactique de l'histoire et des sciences sociales, Trois-Rivières.

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[img]  PDF - Jadoulle Van Nieuwenhuyse Depaepe AIRDHSS Trois-Rivières 2022.pdf
Contenu du fichier : Diaporama
 
Catégorie de document : Communications à des congrès/colloques et conférences (non publiées)
Évaluation par un comité de lecture : Oui
Étape de publication : Non publié
Résumé : En 1830-1831, la Belgique voit le jour sous les traits d’un État unitaire dominé par la bourgeoisie francophone. La constitution de 1831 instaure un régime de "séparation souple" (Nandrin, 2010) entre l'Église et l'État : la liberté des cultes et la liberté d'enseignement permettent à l'Église de développer son influence en bénéficiant, en outre, du financement des ministres du culte par l'État et d'un financement partiel et progressif de son "réseau" d'établissements scolaires, lequel prospère. De leur côté l'État unitaire, mais aussi les communes et les provinces, héritent d'un "réseau" public moins développé mais qu'ils s'efforcent de fortifier. Ils développent notamment des établissements d’enseignement public, en parallèle aux écoles catholiques, plus anciennes, plus nombreuses et qui, aujourd’hui encore, scolarisent la majorité des élèves, tant dans la partie francophone (57% au secondaire en 2019-2020) que néerlandophone (71% au secondaire en 2020-2021) . En charge de l’”instruction publique”, l’État unitaire né en 1830-1831 tente par ailleurs de s’appuyer sur l’École et, singulièrement, sur l’enseignement de l’histoire, pour renforcer l’identité nationale, jeune et fragile. Jusqu'à la première guerre mondiale, l'enseignement de l'histoire, notamment de l'histoire nationale, est donc utilisé à des fins de construction de la nation. Toutefois, à partir des années 1920 puis, de façon plus importante, à partir des années 1950-1960, la critique des dérives des nationalismes qui ont conduit aux deux guerres mondiales mène à une remise en question de l'enseignement de l'histoire nationale. Dans les années 1960-1970, les débats opposent désormais les partisans de l'histoire européenne à ceux d'une histoire mondiale; minoritaires et minorisés, les partisans d'un enseignement de l'histoire nationale ainsi que ceux qui défendent l'enseignement de l'histoire des communautés linguistiques et culturelles qui composent l'État belge se taisent, ou presque. Aussi, dans le courant des années 1980, l'enseignement de l'histoire nationale disparaît dans les programmes de tous les réseaux au profit de l'enseignement d'une histoire mondiale eurocentrée. Par ailleurs, à partir des années 1970, les tensions linguistiques ou “communautaires” conduisent peu à peu la classe dirigeante à déléguer un certain nombre de compétences étatiques aux communautés francophone, néerlandophone et germanophone, dont les compétences en matière d’éducation. En 1989, celles-ci sont entièrement transférées à ces communautés. L’objet de cette étude est d’examiner comment dans ce contexte d’affirmation des compétences éducatives des communautés, l’enseignement de l’histoire a évolué à partir de 1981 dans les deux communautés les plus importantes au plan démographique, à savoir les communautés flamande et française. Dans ces deux communautés, les réseaux conservent un poids essentiel : même s'Ils ont accepté, en 1996 en Flandre, en 1997 en Communauté française, que leurs programmes soient subordonnées à l'atteinte de "standards" définis par le Parlement de chacune des communautés, ces réseaux demeurent présents et, surtout en Communauté française, ils conservent le dernier mot sur le plan de la définition de ces "standards". Dans les deux communautés, l'histoire enseignée demeure une histoire européenne et mondiale mais, dans la Communauté flamande, à l'instigation de deux partis nationalistes de droite, la Volksunie (dans l'opposition) en 1996 et la Nieuwe-Vlaamse Alliantie en 2019 (au gouvernement), le Parlement flamand introduit, parmi les objectifs minimaux de l'enseignement de l'histoire, l'enseignement d'éléments de l'histoire de la Flandre et de son identité nationale ainsi que le projet d'amener les élèves à "apprécier" de vivre en Flandre. En 2019, la Nieuwe-Vlaamse Alliantie a également mis en chantier l'élaboration d'un "Canon flamand", confié à des experts du monde culturel, sans que les réseaux y soient associés. Toujours en cours d'élaboration, dans la plus grande discrétion, il devrait voir le jour en 2023 et servir d'inspiration tant dans le monde de l'enseignement que dans les programmes d'intégration civique des immigrants. Cette "percée" de l'histoire de la Communauté flamande n'a pas d'équivalent en Communauté française où l'exécutif et le législatif demeurent à l'écart des débats relatifs à l'enseignement de l'histoire. Les rares interventions politiques sont celles d'Individus : alors que du côté socialiste, il s'agit de plaider pour un enseignement plus approfondi de l'histoire coloniale, du côté libéral, le propos est de valoriser l'histoire nationale de la Belgique. Ni à gauche ni à droite, la volonté de promouvoir l'enseignement d'une histoire de la Communauté française ne s'exprime dans le champ politique ni même parmi les acteurs de l'enseignement dont les réseaux catholiques et publics.
Déposant: Jadoulle, Jean-Louis
Responsable : Jean-Louis Jadoulle
Dépôt : 27 sept. 2022 20:06
Dernière modification : 27 sept. 2022 20:06

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