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Morneau-Guérin, Frédéric (2025). Histoire de la recherche biomédicale au Québec: Du chercheur isolé aux grandes équipes de recherche, 1900-2023 [compte rendu de l'ouvrage de Goulet, Denis et Drouin, Christian Allen]. Les Cahiers de lecture de L’Action nationale, XIX (1), 37.
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- 2025printemps-37.pdf
Contenu du fichier : Version de l'éditeur |
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Catégorie de document : | Comptes rendus d'ouvrages |
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Évaluation par un comité de lecture : | Oui |
Étape de publication : | Publié |
Résumé : | Dans cet ouvrage bien documenté au style concis, factuel et direct quoique quelque peu prosaïque, le spécialiste de l’histoire de la médecine et auteur prolifique Denis Goulet, Ph. D., ainsi que le chercheur en génétique des populations féru d'histoire Christian-Allen Drouin, M.D., décrivent et analysent les trois grandes phases marquant le développement de la recherche médicale au Québec au 20e siècle. La première de ces phases, que les auteurs situent plus ou moins entre 1900 et 1930, en est une de lents développements des facultés de médecine et des hôpitaux qui leur sont affiliés. Durant ces trois décennies, les activités de recherche en milieu francophone furent entreprises surtout par des cliniciens généralistes isolés ayant généralement reçu peu de soutien technique et financier et s’étant heurtés le plus souvent à de nombreux obstacles institutionnels et économiques. Alors que les facultés de médecine des deux universités de langue française se trouvaient à l'étroit dans de vieux bâtiments reconvertis et que la rareté des ressources financières fit en sorte que l'enseignement accapara la quasi-totalité du temps des professeurs, la faculté de médecine de McGill, elle, grâce à des moyens financiers largement supérieurs, amorça l'introduction dans la pratique médicale des découvertes des sciences expérimentales. Au fil des pages, les deux auteurs mettent en lumière l’impact incontestable qu’eurent une poignée de scientifiques accomplis comme William Osler, Wilder Penfield, Arthur Rousseau et Léo Pariseau qui surent faire preuve de vision, afficher un esprit d’initiative et qui se démarquèrent par une rare capacité à entreprendre, diriger et mener à bien des projets d’envergure. Toujours au cours de cette période et malgré de forts vents de face (l’indifférence des autorités cléricales, universitaires et hospitalières; la dévalorisation des études universitaires supérieures au sein du corps médical largement tourné vers les soins cliniques; l’absence de structures subventionnaires conséquentes), l'esprit de réforme gagna peu à peu les facultés de médecine francophones alors que le secrétaire de la province de Québec, Athanase David, vit au développement d’un programme de bourses de perfectionnement en Europe (programme auquel Denis Goulet a par ailleurs consacré, avec Robert Gagnon, un essai remarquable paru chez Boréal en 2020) visant notamment à permettre à de nombreux diplômés en médecine de se rendre en France afin d’y parfaire leur formation dans une spécialité qu’ils reviendront ensuite implanter ou consolider en territoire québécois. La seconde phase, qui débute vers 1930 et qui se poursuit jusqu'au début des années 1960, s’inscrit sous le triple signe de l’importation du savoir médical (tant par l'émergence de cliniciens spécialisés québécois formés dans les grands centres américains et européens que par le recrutement de spécialistes étrangers), de l’institutionnalisation de la recherche scientifique (pensons à la fondation de l’Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal par le médecin et microbiologiste Armand Frappier) et de l'arrimage plus serré entre science clinique et science fondamentale (avec, entre autres, la création de plusieurs instituts et du département de recherche clinique à l'Hôtel-Dieu de Montréal). La troisième et dernière phase, nous disent Goulet et Drouin, débute avec la Révolution tranquille et s'étend jusqu'au tournant du nouveau millénaire. Au cours de cette étape de forte consolidation de la recherche médicale qui vit le décalage entre les facultés francophones et celle de McGill s’estomper, les instituts perdirent le monopole de la recherche alors qu’émergèrent de grandes équipes de recherche multidisciplinaires et spécialisées encouragées par les administrations hospitalières et pouvant compter sur un appui financier de l’État leur permettant de poursuivre des programmes de recherche s’inscrivant dans le temps long. Au cours de cette dernière phase, le Québec produisit (et continue de produire) de très grands chercheurs apportant une contribution remarquable à l'avancement de la recherche biomédicale. La vie et l’œuvre de plusieurs dizaines d’entre eux, souvent méconnues du grand public, sont d’ailleurs présentées dans les derniers chapitres de cet ouvrage. |
Déposant: | Morneau-Guérin, Frédéric |
Responsable : | Frédéric Morneau-Guérin |
Dépôt : | 04 févr. 2025 16:19 |
Dernière modification : | 11 mars 2025 14:00 |
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