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Morneau-Guérin, Frédéric (2024). Un entretien avec Étienne-Alexandre Beauregard pour "Le retour des Bleus". Cahiers de lecture de l’Action Nationale, XVIII (2), 15-16.
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- Entrevue Beauregard 2024.pdf
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Catégorie de document : | Articles de revues |
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Évaluation par un comité de lecture : | Non |
Étape de publication : | Publié |
Résumé : | Frédéric Morneau-Guérin : Votre second essai, publié chez Liber, s’intitule Le retour des Bleus. Partant du constat que le vieux clivage entre fédéraliste et souverainiste perd de son tranchant, vous décrivez et procédez à l’analyse d’un autre antagonisme qui, selon vous, structure désormais la joute politique québécoise. Ce conflit, ajoutez-vous, oppose deux familles idéologiques, celles des Rouges et les Bleues, dont la rivalité « se déploie sur plus de deux siècles de débats autour du devenir de la nation québécoise » (p. 19). Pourriez-vous décrire succinctement (et donc, par la force des choses, de façon quelque peu schématique) en quoi consistent la pensée rouge et la pensée bleue ? Quelles sont leurs visions, sensibilités et anthropologie respectives ? En quoi consistent les principaux points de convergence et les principaux désaccords entre Rouges et Bleus ? Étienne-Alexandre Beauregard : Ma perspective étant celle de la philosophie politique, et non de la politique partisane, le clivage que je décris entre le progressisme libéral rouge et le nationalisme conservateur bleu est d’abord une affaire d’idées, un désaccord philosophique et anthropologique qui concerne principalement le rapport à la nation. Il s’est incarné de manières différentes à travers les siècles, autant chez les intellectuels que dans les partis. Je situe le point de départ de la polarité entre Rouges et Bleus au rapport Durham et à la réplique de François-Xavier Garneau dans son Histoire du Canada. Contrairement à ce que certains pourraient penser, Durham n’avait rien d’un réactionnaire ni d’un raciste : progressiste libéral et disciple de John Stuart Mill, il concevait la modernité comme le dépassement des traditions, et était donc convaincu que la politisation de la culture par les Patriotes avait quelque chose de réactionnaire. S’il a proposé l’assimilation des Canadiens français, c’est dans leur intérêt se disait-il : peuple vieilli et réactionnaire dans « un monde neuf et progressif », ils seraient désavantagés dans l’Amérique du Nord anglophone tant et aussi longtemps qu’ils seraient différents. C’est en réaction à ce discours que Garneau adopte une position conservatrice, lui qui était initialement un patriote libéral. Pour notre premier historien national, la persistance de la nation est le principe politique le plus important, et si le progrès proposé par les Anglais signifie l’assimilation des Canadiens français, alors c’est le signe qu’ils doivent faire leur propre chemin et progresser à leur manière, selon leur propre culture et leur tradition. |
Déposant: | Morneau-Guérin, Frédéric |
Responsable : | Frédéric Morneau-Guérin |
Dépôt : | 12 mars 2024 20:26 |
Dernière modification : | 12 mars 2024 20:26 |
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